De l'industrie textile à la mode durable

Article rédigé par Sena John Ahyee

 

Le 05 juin dernier était la journée mondiale de l’environnement. A ce propos, il semble important d’intensifier la sensibilisation sur  l’empreinte écologique significative du secteur du textile.

L’industrie textile, un enjeu majeur pour l’environnement.

 

Lorsqu’on parle d’impacts environnementaux de l’activité économique, le secteur de la mode apparaît souvent en première ligne.

D’après l’ADEME, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde.

Les consommateurs achètent deux fois plus de vêtements qu’il y a 15 ans et les conservent moins longtemps. Les émissions mondiales du secteur sont estimées à 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre (2% des émissions globales), soit plus que les vols internationaux et le transport maritime réunis. Si les tendances actuelles de consommation se poursuivent, le secteur pourrait être responsable de 26% des émissions globales d’ici 2050.

Par conséquent, celui-ci se positionne comme le 3ème consommateur d’eau mondial après la culture de blé et de riz. Il est aussi un grand consommateur d’énergie fossile. En effet, 70% des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole. De surcroît, la production de coton, qu’on retrouve dans 25% des fibres produites mondialement, pèse lourdement sur les écosystèmes environnementaux. Cela s’explique par l’utilisation massive de pesticides, de fertilisants à l’azote et au phosphore et d’eau douce, au détriment des sols et des nappes phréatiques. Cette utilisation massive de substances toxiques dans le processus de production se transforme aussi en pollution aquatique du fait de rejets industriels ou du lavage. On estime que 20% de la pollution des eaux dans le monde serait imputable à la teinture et au traitement des textiles.

Un autre impact environnemental concerne la pollution des océans et des cours d’eau. Ainsi, le lavage des vêtements implique un rejet de microfibres plastiques pour la grande majorité, qui finissent dans les océans. Ces rejets polluants équivalent chaque année dans le monde à 50 milliards de bouteilles en plastique.

En somme, la surconsommation de vêtements qu’on observe actuellement agit comme un amplificateur de la pression environnementale du secteur de la mode. On estime ainsi à 460 milliards de dollars par an la valeur du débarras d’habits encore portables. Notamment en Europe, où l’on se débarrasse de 4 millions de tonnes de textile par an, avec 600 000 tonnes par an estimés en France.

La « slow fashion » comme solution aux impacts environnementaux de la mode.

 

Face à de tels impacts environnementaux, avec les nouvelles exigences écoresponsables de certains consommateurs, le secteur se mobilise pour proposer des solutions autour du concept de « slow fashion ».

Même si la prise de conscience sur la nécessité de réduire l’impact environnemental de l’industrie textile remonte aux années 1990, le concept de « Slow Fashion » qui va permettre une meilleure identification des pratiques durables en la matière, a été proposé par Kate Fletcher, chercheuse et militante, dans un article publié dans la revue The Ecologist en 2007. En effet, ses travaux permettent de définir cette nouvelle approche de l’industrie textile comme : l’identification de solutions de mode durables à travers l’élaboration de nouvelles stratégies de conception, de production, de consommation, d’utilisation et de réutilisation. Au cœur de cette démarche, on retrouve des pratiques telles que : l’achat de vêtements vintage, la refonte de vieux vêtements, les achats auprès de petits producteurs, la fabrication de vêtements et d’accessoires à la maison (DIY : Do It Yourself), l’achat de vêtements qui durent plus longtemps, l’utilisation de matériaux durables (lin, chanvre, coton biologique…) et également la réparation de vêtements conçus pour durer.

De plus, cette démarche de « slow fashion » se traduit aussi à travers de nouveaux modèles de production tels que l’upcycling et le recycling. D’une part, l’upcycling est une approche ancrée dans la démarche de l’économie circulaire qui vise à valoriser les produits usagés, en fin de vie, en leur donnant une nouvelle vie plus qualitative. Il s’agit ici de récupérer des matériaux dont on ne se sert plus (planche en bois, vieille bâche, tissu, carton, emballage plastique, vêtements usagés…) pour créer des objets ou produits de qualité supérieure. Aujourd’hui, c’est une tendance qui monte en puissance dans le secteur de la mode. Par exemple, on peut lire dans un article publié en Mars 2022 sur le site du magazine cosmopolitan : « Créateurs, boutiques, appli, box… tout le monde se met à l’upcycling. Y compris nous, parce que c’est beau et bon pour la planète. »

Et d’autre part, le recycling ou recyclage est une autre approche associée à l’économie circulaire. C’est un processus de transformation de déchets en nouveaux matériaux et objets. Il s’agit donc de faire entrer les vêtements usagés dans un processus de recyclage afin qu’ils soient utilisés autrement au lieu d’échouer dans les océans ou d’être incinérés.

Cependant, la filière de recyclage de vêtements en France n’est pas exempte de contradiction. Une enquête diffusée en décembre 2021 sur France 5 montre que 3% seulement des vêtements collectés par les filières de recyclage sont redistribués. En effet, les filières locales de recyclage ne semblent pas économiquement rentables et on assiste donc à un transfert de déchets de l’Europe vers l’Afrique ou d’autres continents. Comme le suggère ce reportage, l’un des enjeux majeurs reste probablement la réduction des consommations de produits textiles.

On le voit, l’émergence d’une mode effectivement durable passe aussi bien par les initiatives de « slow fashion » que par un effort de réduction des consommations. En effet, ne parle-t-on pas de passer de la société de consommation à celle de déconsommation ? 

 

Des aides et des professionnels en management responsable pour accompagner la mode durable.

 

Pour tous les entrepreneurs qui souhaitent s’investir dans des démarches d’éco-conception, de recyclage ou d’upcycling, des financements de l’ademe peuvent être obtenus. Ainsi, pour améliorer la performance environnementale des produits et services suite à la réalisation d’un diagnostic écoconception ou d’une étude de faisabilité, l’ADEME peut soutenir les investissements liés à la production et à la commercialisation d’un nouveau produit ou service écoconçu. Bien sûr, tous les acteurs de la mode durable sont concernés par ce dispositif. Et selon la taille du projet, l’aide peut aller de 15 à 55%.

Pour 2022, les projets peuvent être déposés au fil de l’année et financés jusqu’à épuisement des ressources jusqu’au 31/12/2022.

.Figures a été créé pour accompagner les entreprises vers la transition socio-écologique et les acteurs de la mode durable. Notre équipe de conseillers accompagne tous les acteurs qui souhaitent s’investir dans des démarches durables. Vous avez des questions ou un projet concernant les enjeux de mode durable, contactez-nous ! 


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